Résumé
Le système occlusal, plus communément dénommé « mâchoire » prend actuellement une part importante dans le diagnostic et le traitement ostéopathique. On note les effets délétères du serrage dentaire incontrôlé dû aux crispations des muscles du visage. J’ai la mâchoire qui craque, je serre les dents, j’ai des acouphènes, j’ai des vertiges, des nausées sont de plus en plus les plaintes rapportées. Le serrage dentaire est responsable d’un grand nombre de compensations.
Actuellement, l’ostéopathie intègre ce système dans sa prise en charge.
Pourquoi je serre les dents?
Les muscles manducateurs conditionnent l’axe de la mâchoire. De part leur contraction et leur relâchement, ils jouent un rôle fondamental. Ils sont sous dépendance d’un nerf , le nerf trijumeau.
Ces muscles permettent à la mâchoire de rester au repos.
Quand leur fonctionnement est perturbé, cela conduit à une mise en place d’un emballement du système nerveux. Par conséquence, une réponse réflexe de serrage, responsable d’une contraction permanente de ces muscles démarre.
En d’autres termes, cette hypertonie musculaire, une fois installée, devient la cause d’un large éventail de symptômes. Allant de la simple douleur localisée où manger, parler peuvent devenir difficiles, à des troubles d’équilibre et une perturbation du sommeil.
Le bruxisme ou serrage dentaire
Le serrage dentaire ou bruxisme est une contraction anormale d’un groupe musculaire. Comme on peut s’y attendre, ce serrage peut-être continu ou intermittent.
En plus, il peut être diurne et/ou nocturne. Il s’accentue souvent la nuit.
On observe 2 types de bruxisme:
⇒ Le bruxisme dit centré (clunching) : les dents sont toujours serrées sans déplacements latéraux.
⇒ Le bruxisme dit excentré (grinding) : ou grincement des dents avec une usure dentaire. Les dents inférieures frottent contre les dents supérieures avec des déplacements latéraux.
Normalement, dans les conditions physiologiques, la mâchoire se trouve dans un équilibre instable. Mais elle est en permanence régulé par les fonctions neuromusculaires. Cela permet de séparer la mandibule (partie inférieure de notre mâchoire) du maxillaire (partie supérieure de notre mâchoire) par un espace de l’ordre de 2 millimètres empêchant tout serrage. Ce phénomène permet aux structures de s’économiser. De sorte que, dans la normalité les contacts dentaires ne se réalisent qu’au moment de la déglutition.
Influence du stress
Les conditions extérieures de stress influencent-elles le bruxisme? Ou bien le bruxisme est-il une cause de stress? Outre cela, il y a un effet pervers neurologique associé au bruxisme. Plus on serre les dents, plus on perd de la sensibilité profonde. Il s’agit d’une sur stimulation des récepteurs sensitifs de la mâchoire. Elle peut-être responsable d’un stress physiologique que l’organisme par défense met en place. Le cercle vicieux s’installe : je serre les dents, mon organisme en réponse augmente son niveau de stress, je suis stressé donc je serre les dents.
Symptômes associés au serrage dentaire
Les muscles du cou participent au maintien de notre tête et à notre courbure cervicale. C’est pourquoi, ils sont aussi en relation avec l’ouverture de la bouche.
Tout problème d’occlusion, va donc avoir une répercussion sur notre lordose cervicale. Par là même, le bassin et les membres inférieurs s’adaptent à ses asymétries de tonus.
Cette augmentation énergétique demandée au corps pour qu’il arrive à rester en équilibre n’est pas sans conséquence. Puisque notre cerveau communique en permanence avec notre système musculaire, l’activité musculaire intense et non coordonnée peut dépasser la capacité d’adaptation fonctionnelle de l’individu.
Ainsi, il n’est pas rare de constater que certains problèmes de mâchoire étaient déjà sous-jacents depuis de nombreuses années. Cependant, le lien avec certains symptômes n’avait pas été fait.
Une étude a démontré ces effets à distance par la mise en évidence du lien entre le nerf trijumeau et la moëlle épinière qui pouvait être responsables de cervicalgie ou de lombalgie.
Les sinusites, la migraine, les bourdonnements d’oreille voire les acouphènes, les vertiges, les lombalgies, les troubles du sommeil, la fatigue chronique, les troubles posturaux sont autant de symptômes susceptibles d’évoquer la nécessité d’une prise en charge du système occlusal.
Le traitement ostéopathique
Le traitement devra être, la majorité du temps, axé sur plusieurs approches et il devra être adapté en fonction de chacun. En fonction du bilan initial ostéopathique fait en amont, l’ostéopathe établit un plan de traitement.Il sera le plus individualisé possible et associé à une prise en charge pluridisciplinaire si besoin.
Une attention particulière sera portée sur les dysfonctions des premières vertèbres cervicales (C0/C1/C2) puisqu’elles ont une répercussion sur l’équilibre de la mâchoire, le système visuel et sur la posture.
Le traitement ostéopathique aura une action sur les nerfs crâniens, notamment le nerf trijumeau. Il a de multiples relations avec le reste du corps (action sur l’équilibre via le cervelet; rôle dans le sommeil, action sur les centres nauséeux, action sur la posture…). Finalement c’est le chef d’orchestre des muscles du système occlusal.
L’examen permet aussi la mise en évidence de zones d’hyper irritabilité situées au niveau musculaire nommées des points gâchettes (ou triggers points). De par leur rapport avec la dysfonction occlusale, un traitement à visée d’inhibition sera mis en place.
Enfin, le traitement de l’ostéopathe peut comporter des manipulations sur les zones en rapport avec le bruxisme : les appuis, le diaphragme, le bassin.
Conclusion
En pratique, les résultats obtenus dans le traitement des troubles de la mâchoire sont très satisfaisants. Le traitement, axé sur des techniques neuroméningées, tissulaires et sur des techniques de thérapie manuelle ostéopathique permettent d’obtenir un bienfait à court terme et un résultat définitif à long terme. Le nombre de séances nécessaires pour avoir une diminution significative du bruxisme peut varier en fonction de sa prise en charge et de l’importance du bruxisme mais le traitement se fera avec la participation du patient. Un travail actif est nécessaire pour des résultats efficaces.